La région Occitanie devient propriétaire de la ligne Montréjeau-Luchon

La région Occitanie devient propriétaire de la ligne Montréjeau-Luchon

L’histoire de la réouverture de la ligne Montréjeau-Luchon s’écrit depuis décembre 2016 suite à la restitution par la Région Occitanie des Etats Généraux du Rail et de l’Intermodalité.

La Région engage alors 10 grands chantiers sur 15 ans pour le développement d’un service public régional ferroviaire. Le 3e chantier : « La sauvegarde des lignes ferroviaires et l’adaptation de l’offre TER » a pour objectif de maintenir ce service public sur les lignes à l’infrastructure fragilisée et d’adapter les dessertes régionales aux besoins de mobilité des usagers. En particulier pour les zones rurales et de montagne où le réseau ferroviaire, en gardant un rôle structurant, est un capital pour le développement et la cohésion de ces territoires. 

La Région s’engage sur une nouvelle offre d’exploitation de lignes en difficulté ou fermées.      C’est dans ce nouveau contexte que la ligne Montréjeau-Luchon est désignée ligne prioritaire pour sa remise en service.

Cet engagement s’inscrit dans le cadre d’un véritable projet de territoire et doit s’accompagner d’investissements sur les infrastructures partagés entre l’État, les collectivités locales et SNCF Réseau. 

Mais SNCF Réseau n’aura jamais été au rendez-vous. Ni l’Etat qui organise dès 2016 la fermeture des petites lignes rebaptisées Lignes de Desserte Fine des Territoires !

Dès 2017, pour mieux affirmer cette volonté, SNCF Réseau démantèle la caténaire qui avait permis la traction électrique depuis 1925. Vraisemblablement pour générer de petits profits grâce à son économie circulaire.

Pour info : (https://www.sncf.com/fr/engagements/developpement-durable/economie-circulaire).

En 2018 la Région confirme sa volonté de rouvrir la ligne. Ses défenseurs pressentent que ni SNCF Réseau ni l’Etat ne contribueront à financer les nouvelles infrastructures contrairement à leurs engagement lors de la signature du Contrat de Plan Etat Région. Cette même année l’association CDRIC fait la demande à la Région d’opter pour le nouveau train à hydrogène développé à l’usine Alstom de Tarbes et inauguré en Allemagne, pour bénéficier d’une traction électrique sans émission de CO2.

La Région tire avantage du développement de sa nouvelle filière hydrogène et de l’expertise de l’usine Alstom pour annoncer l’expérimentation puis la circulation des rames Régiolis à hydrogène sur la nouvelle ligne rénovée.

La remise en service est annoncée pour fin 2020.

Mais la période de la pandémie aura des conséquences sur l’avancement des études d’Avant-Projet et Projet auxquelles viendront s’ajouter l’obstacle de la nouvelle réglementation pour l’obtention de l’autorisation environnementale, indispensable pour débuter les travaux.

Dans cette même période s’ouvre le débat parlementaire sur la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM). Cette loi permet aux régions de devenir Autorité Organisatrice de tous les transports sur leur territoire. Dans ce cadre, la présidente de la Région Occitanie contribue au dépôt d’un amendement pour permettre aux régions de reprendre la gestion de certaines lignes de son réseau ferroviaire. Cet amendement est voté dans la loi fin 2019 et son décret d’application est publié le 29 décembre 2020.

C’est la procédure que va engager la Région Occitanie auprès de l’Etat et de SNCF Réseau pour la reprise de gestion de la ligne. Dans cette perspective, le calendrier continue de se décaler et la remise en service est reculée à l’horizon 2022. 

L’année 2022 ne verra toujours pas le retour des trains. 

Deux ans se seront encore écoulés pour finaliser les études Projet, lancer les procédures qui aboutiront à l’accord du Conseil National de la Protection de la Nature, à l’avis favorable de l’Autorité environnementale suivi de l’avis favorable de l’enquête publique, pour enfin aboutir à la déclaration de projet permettant le début des travaux. Suivra l’accord de l’Etat pour le transfert de propriété de la ligne, une première en France.

C’est ainsi que depuis le 4 avril 2023 la Région devient propriétaire de la ligne et engage les dernières études.

Avec ses partenaires techniques elle entre dans une phase opérationnelle concrète. Le contrat de maîtrise d’œuvre pour les travaux a été attribué à l’entreprise Systra qui démarrera les premiers repérages sur le terrain dès la fin avril. 

La perspective est de lancer les consultations d’entreprises à l’automne et de démarrer les premiers travaux fin 2023.

Au-delà de l’objectif de régénérer et remettre en service la ligne de Montréjeau à Luchon, les travaux incluront la réhabilitation de quatre haltes ferroviaires : la gare de Bagnères-de-Luchon, les haltes de Loures-Barousse et Saléchan-Siradan, la gare de Marignac-Saint-Béat. Avec la gare de Montréjeau-Gourdan-Polignan ce sont 5 points d’arrêt qui seront desservis. Les travaux incluront également la suppression de plusieurs passages à niveau, la sécurisation des passages à niveau conservés, la régénération des ouvrages d‘art, hydrauliques ou en terre, le confortement de parois rocheuses, ainsi que des travaux de télécommunication et de signalisation. 

Cette rénovation doit permettre de retrouver un niveau de performance autorisant une vitesse de circulation jusqu’à 90km/h pour un temps de trajet de 35mn, contre 50mn actuellement en car. 

67 M€ sont engagés pour l’ensemble de ce chantier de régénération.

Le nouveau calendrier tel qu’il est annoncé :

  • Avril à septembre 2023 : reprise des études de projet et finalisation des dossiers de consultation  des entreprises
  • Septembre 2023 à janvier 2024 : consultation des entreprises et démarrage des travaux préparatoires
  • 2024 : travaux et essais avant mise en circulation de la ligne
  • 2025 : premiers essais du train à hydrogène

La Région communique sur son ambition de mener un chantier exemplaire sur le plan environnemental en ayant notamment recours à la pose de rails de réemploi limitant l’empreinte carbone du chantier.

La régénération de l’infrastructure et la réouverture de la ligne permettra de répondre à de multiples enjeux : reconnecter la vallée au piémont pyrénéen et au territoire régional, contribuer à son attractivité, développer l’offre de mobilités du quotidien avec le choix d’une traction électrique sans émission.

L’offre proposée sur la ligne est de 6 aller-retour quotidiens permettant d’aller de Luchon à Montréjeau dont un seul aller-retour Luchon-Toulouse. En gare de Toulouse les usagers bénéficieront des correspondances avec les TGV, les Trains d’Equilibre du Territoire (TET) et le train de nuit.

C’est sur la qualité et l’ambition de cette offre de services que l’association CDRIC compte agir avec la Région pour limiter les correspondances en gare de Montréjeau qui pénalisent le temps de trajet et les personnes à mobilité réduite (PMR). La solution est d’offrir au moins 3 trajets aller-retour Luchon-Toulouse, idéalement les 6 trajets à court terme. Malgré la perte de l’électrification le train de nuit doit pouvoir revenir en gare de Luchon depuis Toulouse sans descendre du train, ce qui implique d’adapter le matériel roulant.

Ce sont des conditions essentielles pour que l’attractivité de la ligne souhaitée par tous soit au rendez-vous et que ces 10 années d’efforts consentis n’aient pas été vains.